Toutes ses copines quadra se sont remises au sport. Sans exception. Je deviens l’intrus dans les conversations. La preuve vivante qu’on peut aussi ne pas y arriver. Moi ? Je suis son corps. Oui, oui. Le fameux.
Celui qui se tape les raclettes pendant qu’elle rêve d’être Jennifer Connelly.
Celui qui pèse, qui serre, qui gratte, qui gêne.
Elle m’appelle « mon corps », comme on dirait « mon appart ».
Un décor.
Pas si mal branlé mais, pas ouf.
Quand elle était enceinte, j’ai pris pour deux, pour trois. J’ai tenu bon.
Elle a trouvé ça laid, puis magnifique, puis laid de nouveau.
Je me suis ouvert, étiré, réparé pendant qu’elle comptait. Les insomnies et les kilos.
Après les enfants, je me suis tassé.
Les photos ont commencé à faire mal.
Heureusement les fringues tenaient la baraque, mais au bout d’un moment, la balance nous a lâchés.
On a évité les chiffres.
Puis on s’est évités tout court.
Pour se sentir libre, elle m’engraisse.
Pour se sentir forte, elle me prive.
Je ne comprends pas trop ce qu’elle fout.
Alors, je vais rectifier deux-trois trucs.
...